1.4.14

La revanche en Prada : chronique d’un echec annonce ?

Il y a dix ans j’ai dévoré et adoré lire « Le diable s’habille en Prada »,  lorsqu’il est sorti en salles je me suis précipitée au cinéma pour le voir et ai prolongé ce plaisir en me procurant le DVD que j’ai visionné une bonne trentaine de fois avec le même enthousiasme. Alors quand je suis tombée complètement au hasard sur la suite de ce roman léger et extrêmement distrayant à la Fnac j’ai évidemment attrapé la chose qui a rejoint la pile de mes nouveaux achats et futures lectures. J’ai patienté un petit mois avant de le lire mais comme je trépignais d’impatience j’ai fini par céder à mes impulsions et commencé ma découverte de cette suite. 

Mon bilan à chaud ? Une énorme déception. Je suis bien triste de le reconnaître, mais cette fois-ci Andrea et les frasques de Miranda Priestly n’ont eu aucun effet sur moi si ce n’est de me refroidir. Si j’ai aimé retrouver les personnages principaux de la précédente intrigue ces derniers n’ont plus tout à fait la même prestance, la même énergie ou de quoi stimuler l’intérêt du lecteur comme il se doit. Nous nous retrouvons projetés dix ans en avant ; les personnages ont changé et on le ressent. Mais où en sont les héros ? Que fait Andrea ? Qu’est devenue Miranda ? Je vous raconte tout (ou presque), tout de suite !


Nous sommes donc projetés dix ans après la démission d’Andrea de son poste d’assistante chez Runway. Elle est désormais une femme parfaitement accomplie maîtresse de sa carrière professionnelle à la tête d’un magazine haut de gamme de mariage (« The plunge ») rencontrant un succès constant qu’elle co-dirige avec son associée et meilleure amie Emily Charlton. Oui vous avez bien lu. Son ancienne supérieure hiérarchique et gardienne de nombreuses de ses névroses, fait désormais front commun avec elle et les deux jeunes femmes s’épanouissent professionnellement dans le même domaine. Au delà de leur carrière les deux femmes partagent des amis et des activités communes les liant dans de très nombreux domaines. L’histoire s’ouvre ainsi avec le mariage d’Andrea qui s’apprête à épouser l’un des grands noms de la société New Yorkaise. 

Tout semble donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’à ce que la jeune femme ne rencontre milles et unes contrariétés tout au long de l’histoire.  Mais l’élément majeur, et celui faisant revenir Miranda Priestly sur le devant de la scène, est l’intérêt du groupe d’édition Elias-Clark pour le magazine d’Andrea et Emily. Adoptant toutes les deux des positions différentes vis-à-vis de ce nouvel intérêt porté à leur magazine il sera source de nouveaux conflits. 



Si l’histoire aurait pu être exploitée de façon intéressante et dynamique à la vue de cet élément perturbateur et définitivement source d’angoisses pour Andrea et Emily il n’en est rien. Ce que je reproche principalement à ce roman c’est le manque, que dis-je, l’absence complète d’intrigue. Aucun des chapitres présents dans le livre ne fait complètement suite à son précédent, le lecteur est projeté dans des ellipses narratives immenses et n’a pas l’impression de suivre un fil conducteur, une évolution précise. Chaque chapitre aborde un thème (et souvent un problème rencontré par Andrea) qui n’a pas nécessairement de lien avec le précédent ou encore le suivant. De même ces différentes contrariétés ou moments de vie n’apportent rien de concret à l’histoire si ce n’est le fait d’ajouter physiquement des pages au livre. 

J’étais pourtant très contente de me plonger de nouveau dans l’univers du luxe, de l’inaccessible et du rêve projeté par l’univers de la mode, des grands photographes et du mariage dans lequel évoluent Andrea et Emily. Avouons-le nous lisons aussi ce genre d’histoire pour l’étalage de marques, les descriptions de tenues toujours sophistiquées et recherchées… ce que je n’ai que très peu retrouvé ici. L’histoire aurait pu s’en trouver soulagée mais comme son intrigue se noie au milieu des aléas et plaintes d’Andrea nous n’avons même pas l’enrobage  « nécessaire » et salvateur pour nous aider à nous accrocher au récit. 

Et même si l’intrigue se déroule ici dix ans après le premier roman, je n’ai pas pu m’empêcher de noter des différences majeures. Celles peut-être qui n’ont pas fait pencher « La revanche en Prada » du bon côté de la balance. L’une d’elles est la construction narrative du récit : dans cette version tout est raconté à la troisième personne ce qui change immédiatement notre perception de l’histoire. Si dans « Le diable s’habille en Prada » nous vivons l’histoire directement au travers des yeux d’Andrea qui nous raconte le tout à la première personne nous somme beaucoup plus passifs et prenons beaucoup plus de distance dans ce nouveau volume. 


Andrea a également perdu cette personnalité combative et dynamique qui la caractérise dans le premier livre. Cette énergie qui lui permettait autrefois d’affronter les milles et un désirs de Miranda lui manque dans ce livre, elle apparaît plus plaintive et presque passive vis-à-vis des évènements qui se déclenchent autour d’elle, semblant arborer des oeillères pour éviter d’affronter la réalité. Est-ce dû à son cadre de vie plus posé ? Les habitudes professionnelles, sentimentales et amicales qui font son quotidien ? La naïveté et la curiosité de l’héroïne du « Diable s’habille en Prada » nous manque et nous avons du mal à nous identifier à la nouvelle Andrea. 

Selon moi un autre élément vient gâcher la lecture de ce livre : là où nous  nous attendions de retrouver Miranda (le sous titre du livre étant « Le retour du Diable ») très régulièrement au fil des pages nous trouvons à la place : Andrea, Andrea et toujours Andrea. La reine des pestes ne fait ainsi que quelques apparitions dans ce livre et les confrontations entre les deux femmes nous manquent. Si l’ombre de Miranda devient presque omniprésente dans les pensées d’Andrea à un certain stade du récit nous ne retrouvons pas la verve et la cruauté de la papesse de Runway. Et je l’avoue j’espérais renouer avec elle au fil des pages… Par pur sadisme envers cette pauvre Andrea martyrisée dans le premier livre ? Pour les litanies interminables d’ordres aussi loufoques qu’impossibles à réaliser ? Je dois reconnaître qu’elle m’a manqué. Comme à l’intrigue. 


Comme je ne souhaite pas terminer cette revue sur une note complètement négative je dois admettre que j’ai tout de même passé un bon moment en lisant ce roman, l ‘écriture est fluide et même si l’histoire en elle même (ou du moins les attentes que j’en avais) n’est pas la plus satisfaisante elle est tout de même distrayante. J’ai adoré retrouver les personnages grandis et changés tout comme la nouvelle relation Emily-Andrea aussi contre nature qu’amusante et rafraichissante. 

C’est donc le roman « Chick-lit » que je conseille pour une lecture sans prise de tête et reposante si vous souhaitez vous développer une petite bulle confortable dans votre quotidien.  Malheureusement il ne s’adresse pas aux amoureuses et amoureux du « Diable s’habille en Prada » qui ne trouve pas dans ce nouvel opus une suite bien amenée ou venant terminer en beauté la série. 



One Response so far.

  1. Ça fait des mois (depuis sa sortie en fait) que je tourne autour de ce livre. Comme toi, j'étais aux anges de la perspective d'une suite. Et plus je lis des avis dessus, moins j'ai envie de me laisser tenter même quand il sera sorti en poche. J'ai vu que des revues négatives sur ce bouquin, ça donne pas vraiment envie.
    Bon après je dis ça maintenant, mais je suis toujours persuadée que je vais mourir idiote si je ne me forge pas ma propre opinion, donc j'finirai probablement par le lire un jour.
    (et c'est par curiosité extrême qu'on se retrouve à lire les 3 tomes de 50 Shades. J'aurais peut-être dû mourir idiote finalement!)

    xoxo
    Lily.

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