26.4.15

Je mate, tu mates, il mate… nous vous giflons ?

Vous visualisez cette image légèrement caricaturale de chiens fascinés et bavant devant des carcasses de poulets en train de rôtir à l’avant des boucheries ? Et bien c’est ce que j’ai l’impression de vivre tous les jours depuis que les beaux jours ont pointé le bout de leur nez, un rayon de soleil et paf les mateurs sont de sortie. Mais si, vous les connaissez ces types qui vous regardent fixement sans gêne aucune et sans jamais considérer que sous ces vêtements se trouve un être humain et non un morceau de chair fraiche. De tous âges, de toutes les occasions et dans tous les lieux publics dans lesquels vous pouvez vous trouver ils sont là aussi, désagréables, insistants, omniprésents. 

Quelle fille n’a jamais dissimulé ses jambes derrière son sac à main sous un regard insistant, laquelle n’a jamais changé de rame de métro, marché plus vite ou encore changé de trottoir pour ne plus servir d’appât ambulant ? Personnellement c’est un comportement aussi instinctif que quotidien et que je ne le tolère plus. Maintenant j’adopte une autre technique : l’attaque frontale. C’est simple je capte l’attention du mateur en m’approchant de lui et en lui demandant de bien vouloir placer son regard ailleurs. Ailleurs que sur des femmes ne lui ayant rien demandé.

Car le regard quand il se fait pressant n’est pas agréable. 
Il n’est pas flatteur. 
Il n’est pas plaisant ni recherché.
Il est agressif et effrayant. 


Alors j’entends souvent les mêmes arguments : « mais ce n’est pas méchant », « tu devrais être flattée », « on te regarde parce que tu es jolie », « tu verras quand tu vieilliras, ces regards te manqueront ». Non, non et non. 

Je n’ai rien contre un regard, c’est humain de regarder devant soi, d’observer ce qui nous entoure, ce que je reproche c’est le comportement volontairement insistant. Pas l’œillade de quelques secondes non, celle qui dure de longues minutes et qui scanne la totalité de votre corps. Pour moi ce n’est pas flatteur, c’est intrusif et malpoli. Généralement le tout est accompagné d’un clin d’œil ou d’une mimique stupide visant à démontrer à quel point la personne est satisfaite de la vision se trouvant devant elle. Heureuse ? Non, gênée, salie, en colère, ce sont les sentiments qui s’entremêlent dans ma cervelle dans ce type de cas de figure. 

Je ne m’estime pas non plus si « bombasse » que ça au point de recevoir tant d’attention et même si je l’étais j’estime que je vaut bien mieux que ça. Je ne suis pas conne, et plutôt drôle et j’aimerais ne pas avoir l’impression d’être vue seulement comme une paire de jambes quand je me balade dans la rue mais comme la jeune femme que je suis tout simplement. Un être humain doté de sentiments. 

Quand à l’argument de l’âge et de la « fin » de l’attention pouvant nous être portée non seulement ce n’est pas une raison valable pour justifier ces comportements ni une généralité. Ce n’est pas parce que cela peut manquer a certaines que c’est une raison pour le considérer normal ou flatteur pour les autres. On est pas dans la théorie des vases communicants ici. 

Alors oui les mateurs participent au harcèlement de rue. Plus discrets, moins bruyants ils paraissent moins violents ; mais ils sont les plus nombreux, les plus insistants, les plus présents. En fait ils font tellement partie du paysage, et même pire, des habitudes qu’ils passent au travers des mailles du filet on ne leur reproche pas grand chose, ils sont considérés comme inoffensifs pas dangereux car vus comme passifs. Mais psychologiquement leurs actes laissent des traces, influencent nos comportements, des habitudes vestimentaires, ils blessent et salissent. 


Alors aujourd’hui j’arrête de fermer ma gueule et j’agis.