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5.11.15

Prolongez la magie d’Harry Potter avec "l’ecole des sorciers" illustre

Aperçu sur Youtube et pas mal de blog anglo-saxons j’ignorais que la merveilleuse version illustrée d’Harry Potter allait sortir en français. Alors quand je l’ai découvert au détour d’un rayon dans ma librairie mon cœur s’est arrêté. J’exagère a peine puisque quelques dizaines de minutes plus tard (après avoir feuilleté les pages de ce merveilleux ouvrage) le livre était payé et soigneusement protégé. 


Les plus zens me dirons que franchement, si je connais déjà par cœur l’école des sorciers je n’ai pas besoin de le posséder en deux exemplaires… Que nenni ! L’histoire a beau rester la même (et toujours aussi parfaite) les illustrations qui la peuplent sont bel et bien inédites et parfaitement bien réalisées. Comment ne pas craquer pour un si bel objet qui me permet de prolonger toujours plus mon voyage au cœur de l’univers génialissime de J.K Rowling ? Personnellement j’en suis incapable et j’en suis bien heureuse. 



Les illustrations sont à la fois magnifiques, douces, cohérentes et pas si loin de l’ambiance que nous avons tous imaginée un jour. Les lieux cultes parfaitement restitués : le chemin de traverse et ses magasins farfelus, Poudlard imposant et pourtant chaleureux,  le quai  9¾ mythique et grouillant de monde. J’ai adoré retrouver au fil des pages des paysages m’étant étrangement familiers, un monde dans lequel j’ai adoré grandir, m’émouvoir et me poser des questions. C’est surtout pour cela que malgré mon addiction pour Harry Potter j’ai craqué. Une sorte de nostalgie peut-être ?




Les dessins des personnages de l’histoire furent parfois surprenants notre imaginaire étant parfois fortement influencé par les films ou notre perception bien personnelle du visage de nos héros. Drago Malefoy prend des airs de sociopathe angélique, Ron est ma fois moins jovial et Hermione toujours aussi chevelue ! Malgré notre connaissance plus ou moins étoffée de ce monde nous sommes surpris par les illustrations proposées par Jim Kay. C’est un bonheur à chaque nouvelle page. 





Et puis… c’est l’occasion de retrouver cette histoire innovante et fascinante qui a pour beaucoup déclenché un amour de la lecture. Même si je n’ai pas (encore) d’enfants je compte bien convertir tous mes petits cousins et futurs bambins à l’aide de ce merveilleux objet-livre. Car si un roman dénué d’images pouvait les effrayer… c’est désormais l’occasion de leur faire découvrir la vie de sorcier ! Espérons que les suites soient programmées également pour continuer toujours plus dans les aventures du héros à lunettes le plus célèbre de Grande-Bretagne. 

Si vous comptez acquérir cette petite merveille il faudra quand même débourser la rondelette somme de 39€ mais laissez moi vous dire que cela vaut le coût pour un si bel objet. Je vous laisse donc avec de nouvelles illustrations toujours plus oniriques les unes que les autres ! 




Je vous propose aussi de découvrir, c’est l’occasion, ma dernière vidéo consacrée à mes lectures du mois d’Octobre !  

29.10.15

La parfaite trilogie d’Halloween ? Découvrez "Miss Peregrine et les enfants particuliers"

Comment décrire simplement l’histoire et la particularité de la trilogie Miss Peregrine et les enfants particuliers ? Un thriller ? Un roman horrifique ? La lecture parfaite d’Halloween ? Ce sont en réalité des couvertures étranges et légèrement effrayantes, un récit mystérieux et fascinant, une intrigue surprenante et addictive. En somme un sacré coup de cœur pour un livre unique et que vous devez de tout urgence découvrir…


Alors hormis cette aura très particulière, que raconte ce livre ? C’est le parcours de Jacob un jeune adulte qui confronté au décès brutal de son grand-père va chercher a retracer le passé de ce dernier pour percer les mystères de sa mort. Pour cela il va devoir explorer le pensionnaire de Miss Peregrine au fin fond du pays de Galles ; un lieu bien connu de ses souvenirs lorsque son grand-père lui contait son enfance entre ces murs et auprès des enfants aux dons particuliers avec lesquels il était ami. Alors quels sont les monstres dont il lui parlait tant ? Qui étaient vraiment ces enfants ? Que se passait-il sur cette île ? 



C’est en évoluant au travers de photos, quelques lettres manuscrites et autres indices greffés au texte que l’intrigue se dévoile et nous révèle ses secrets. Ce qu’il faut savoir avant d’entrer de plein pied dans ce roman c’est que l’auteur fasciné par ceux que l’on désignait autrefois comme des « monstres de foire » au cours du XIX et du XXe siècle a recueilli des clichés au fil de brocantes et de marchés au puces créant l’aventure de Jacob et de son grand-père autour d’elles conférant au tout cette ambiance si unique et parfois « creepy ».  Parce que les visages que l’on croise au fil de l’histoire on bel et bien existé… Mais rassurez-vous rien de traumatisant pour autant simplement une idée brillante et délicieusement envoûtante. 




En plus de l’aspect en partie authentique du roman j’ai apprécié que l’histoire soit vécue du point de vue d’un garçon. Souvent féminines (et c’est loin d’être une critique) les héroïnes de livres pour jeunes adultes tendent à se ressembler (dystopies majoritairement) dans leur réactions et les parcours dessinés par leurs auteurs.  Les attentes et le recul du personnage ne sont ici pas nécessairement les mêmes selon des typologies d’événements connus et c’était assez chouette de mon avis d’avoir un héros un peu différent. 


J’ai trouvé la lecture fluide même si très riche en rebondissements et j’ai énormément apprécié les touches d’humour glissées ici et là au fil du récit. Le personnage de Jacob est vraiment agréable à suivre et on ne se lasse pas de son point de vue et des situations dans lesquelles il évolue. Même si j’ai pu deviner quelques éléments de l’histoire l’ensemble est vraiment original et divertissant, l’univers créé par Ransom Riggs est efficace et laisse des traces dans notre mémoire. Même après plusieurs semaines, Miss Peregrine, les enfants particuliers et Jacob continuent d’accompagner le fil de mes pensées et de mes questionnements. 

En résumé je vous recommande plus que chaudement cette trilogie à la fois différente et addictive, à l'univers unique et au passé particulier. 

Traduits en français les deux premiers tomes sont disponibles en librairie tandis que le dernier opus vient tout juste de paraître en anglais. Et si je n’avais pas encore réussi à convaincre certains d’entre vous l’adaptation du premier livre au cinéma par Tim Burton est prévue pour l’an prochain, un programme plutôt sympathique pour une trilogie hors du commun. 

Pour plus de découvertes littéraires, retrouvez-moi sur Goodreads


25.10.15

Dorothy must die : il etait une fois une dictature macabre au pays d’Oz


On ne peut pas dire que je sois une grande fan du magicien d’Oz pour la simple et bonne raison que je n’ai ni lu le livre ni vu le film. Je connais l’histoire en substance et en fonction des vagues souvenirs d’enfance sur le sujet…et pourtant ça ne m’a pas empêchée d’adorer voire d’encenser sa réécriture macabre « Dorothy must Die ».  Si je devais peindre l’ambiance du roman en quelques mots je vous décrirais un mélange entre un univers esthétique proche de Tim Burton avec ses couleurs vives et ses passages beaucoup plus glauques couplé à un monde soumis à une dictature aussi puérile que cruelle.  

Mais comment un univers pourtant si beau et si enchanteur a-t-il pu se transformer de la sorte ? Pour le savoir vous allez devoir suivre le parcours d’Amy Gumm jeune lycéenne de son état. Pas la plus populaire du bahut à cause de ses moyens limités elle est régulièrement la cible des « means girls » du coin faisant ainsi régulièrement état de présence dans le bureau de son proviseur. Pas aidée par sa famille son père est inexistant et sa mère plus accro aux cachets contre la douleur qu’à sa propre fille. C’est ainsi qu’un soir une tornade frappe la ville et que le mobil-home d’Amy décide d’aller rendre visite aux nuages embarquant la jeune fille avec lui. C’est dans ces circonstances qu’elle déboule au pays d’Oz avec la ferme intention de le quitter. 


Sauf que le pays d’Oz n’a plus rien de son aura d’antan, projetée dans un paysage de ruines, un ciel pas des plus engageants et des champs ravagés tout autour Amy prend rapidement conscience que les choses ont changé. Bravant la méfiance des habitants terrifiés elle apprend assez vite que Dorothy est revenue de son Kansas natal pour s’emparer de toute la magie d’Oz faisant régner terreur et malheurs sur quiconque s’opposera a ses désirs. C’est ici que j’arrêterais de dévoiler l’intrigue puisque des tas d’évènements prennent place par la suite et que ce serait terrible de vous gâcher la surprise. C’est en sachant à peine dans quel type d’histoire j’allais plonger que j’ai commencé ce livre et je vous souhaite de le vivre ainsi également. 

Pourquoi un coup de cœur pareil pour « Dorothy must die » me direz-vous ? D’une part pour le personnage d’Amy qui malgré quelques aspects clichés parfois est une personnalité assez forte avec des convictions et un caractère bien trempé. Pour les versions complètement revisitées des personnages phares de l’histoire : Dorothy que l’on se prend à détester, pour l’épouvantail qui nous fait frissonner d’effroi pour la gentille sorcière Glinda si différente de nos souvenirs… 



Les descriptions, qui parfois peuvent lasser et gâcher un récit, sont ici parfaitement utilisées. Le pays d’Oz et ses changements nous apparaît très clairement et j’avais sincèrement l’impression pendant ma lecture d’évoluer dans les paysages que je lisais. Les mots devenaient des images. On perçoit les couleurs, les ambiances, les formes et les personnages comme s’ils étaient réels un peu à la façon de « Charlie à la chocolaterie » par Roald Dahl. Tout est perceptible, presque à portée de main

Enfin ce qui m’a définitivement convaincue c’est cette atmosphère sombre, lourde et macabre. Tout ce que l’on connaissait déjà a muté, s’est transformé d’une façon surprenante et souvent glauque, on ne sait jamais sur quelle surprise ou autre conséquence des idées terrifiantes de Dorothy on va tomber. Rien n’est sûr, le danger et les surprises sont omniprésents et c’est probablement cet état de tension qui m’a empêchée de quitter mon livre avant de ne l’avoir terminé. 



Alors si vous recherchez une lecture surprenante et différente de tout ce que vous avez lu avant c’est définitivement la trilogie « Dorothy must die » qu’il vous faut. Malheureusement pas encore traduit en français le livre est tout de même disponible (sans frais de port) chez The book depository pour 14,39€ ou sur la boutique Book Outlett à 4,43€. Enfin pour ceux qui auraient été séduis par ma chronique les droits du livres ont été achetés pour l’adaptation en tant que série donc vous avez encore une chance de vous confronter à l’univers de « Dorothy Must Die » ! 

Pour plus d’avis et de découvertes littéraires retrouvez-moi sur Goodreads 


22.10.15

Quand Ikea devient un roman horrifique : Horrorstor par Grady Hendrix


Votre bibliothèque BILLY ne vous effraie pas ? Le meuble MALM ne serait-il pas en train de vous jeter des coups d’œil suspects ? Vous avez toujours pensé votre HELMER inoffensif ? Et bien détrompez-vous car vos meubles Ikea pourraient bien vous cacher un passé sombre et terrifiant. C’est en tout cas ce que l’on vous propose dans l’étrange et mystérieux roman Horrorstor. Ressemblant comme deux gouttes d’eau à un catalogue Ikea cet ovni littéraire vous fera frissonner et regarder votre magasin suédois d’un œil nouveau. Découvert et lu en début d'année grâce à Booktube je me suis dit qu'à cette saison il méritait bien une petite présentation !


Quoi, comment, quand ? Horrostor c’est le mariage réussi entre un objet livre absolument génial et une histoire à suspense un poil horrifique. Dans ce récit vous vous trouverez dans la peau d’Amy une jeune femme qui faute de moyens pour vivre correctement a dû lâcher ses études pour se trouver un travail au plus vite et a atterri chez Orsk.  Orsk est bien évidemment l’alias de notre Ikea fictif ressemblant en tous points à l’univers que nous connaissons déjà : meubles en kits, prix abordables, chemin labyrinthique pour déambuler dans le magasin et noms de produits absolument imprononçables. Tout en évoluant dans un univers construit de toutes pièces le lecteur ressent une sensation de vécu et de déjà vu légèrement troublante. 



Sauf que voilà, tout ne se passe pas parfaitement bien dans l’univers du suédois… des meubles sont mystérieusement souillés et tâchés chaque soir sans que les caméras de surveillance ne puissent identifier les coupables de ces délits. Amy se voit donc contrainte par son responsable d’effectuer une petite garde de nuit légèrement officieuse afin de percer le mystère de ces sabotages. Et c’est là que tout va se gâter... Je n’en dirais bien évidemment pas davantage sur l’histoire car ce serait malgré tout gâcher un petit peu votre découverte. 



Si l’histoire en soit m’a plu et ne manque pas de rebondissements, j’ai tout de même davantage eu le coup de cœur pour le concept et l’objet livre. Tout est fait pour nous plonger dans l’univers d’Orsk et nous donner l’impression que le livre que nous tenons dans nos mains et bel et bien le catalogue d’une enseigne nous étant plus que familière. Plan du magasin et catégories d’articles commercialisés, bons de commande, conditions générales de vente, mise en avant de produits à chaque chapitre. J’ai adoré avoir l’impression de redécouvrir ce lieu culte et son marketing que nous connaissons si bien dans sa version détournée et horrifique.



Je sais bien qu’il ne faut pas s’arrêter à la couverture d’un livre mais c’est ici l’un des points fort d’Horrostor. Tout est travaillé pour troubler le lecteur et son entourage, la première de couverture ressemblant à s’y méprendre à un catalogue Ikea tandis que sa quatrième révèle la part sombre et effrayante du récit. Plusieurs passagers du métro m’ont sans doute prise pour une accro du suédois en train de consulter leur catalogue et des proches m’ont demandé ce que je fichais avec un catalogue Ikea, bref ce livre interpelle et c’est aussi cela qui m’a plût. 

Pour la découverte d’un ouvrage pas banal, pour la lecture d’un récit bien de saison (Halloween est si proche !), pour vous faire peur lors de votre prochain voyage chez Ikea… Je vous recommande chaudement d’acquérir Horrorstor ! 

Disponible chez Milan et Demi au prix de 19€

Et pour plus d'idées lecture, vous pouvez me retrouver sur Goodreads.



12.5.15

Comment « booktube » m’a de nouveau fait succomber aux romans pour ados…

J’ai toujours été thriller. Ces histoires souvent un peu glauques et bien flippantes qui te tiennent en haleine jusqu’à épuisement des pages c’est généralement ce que je choisis en parcourant les rayons d’une librairie. Enfin que je choisissais. Parce que même si j’affectionne toujours autant les récits à suspense j’ai replongé dans un genre littéraire plus qu’inventif : les romans pour jeunes adultes (ou young adult pour les puristes). 

Et les responsables ce sont les « booktubers », vous connaissez peut-être déjà ce nouveau mot et phénomène d’internet contractant Youtube et Livre. Menés en France par MalorieDuns Books, Les lectures de Nine ou encore FairyNeverland ils colonisent peu à peu nos écrans pour nous conseiller leurs meilleures trouvailles littéraires et ça fait un bien fou. Et c’est grâce à ces biens aimables personnes que j’ai renoué avec un genre que je n’avais pas réellement retrouvé depuis le lycée. 


Les romans pour jeunes adultes c’est un genre que j’ai toujours apprécié, il met en place des scénarios souvent très prenants, pleins de surprises et posant la plupart du temps des questions sujettes à la réflexion. J’ai plus particulièrement redécouvert ce style en m’attelant à la lecture d’Hunger Games il y a plusieurs années qui m’avait transportée en un rien de temps dans un univers que je ne parvenais pas à quitter. Tombant par la même occasion amoureuse du genre dystopique j’ai cherché d’autres ouvrages du même style et j’ai découvert booktube. 

C’est ainsi que mes habitudes littéraires se sont transformées. 

J’ai pu faire connaissance avec Cinder, Ruby Red, The Winner Curse, Starters, The Jewel et même mon petit plaisir coupable The selection (je te rassure la plupart ont été traduits). Tout un tas d’histoires hautes en couleurs et en créativité. Même si les héroïnes de ces histoires sont pour la plupart du temps (pour ne pas dire toujours) plus jeunes que moi je n’ai aucun mal à me plonger dans leurs mondes, leurs rêves et peurs et surtout le pétrin dans lequel elles se trouvent souvent. Le point commun de ces livres ? Leur univers à la fois si lointain et reposant sur des bases pourtant si réalistes et proches de nos problématiques actuelles. 

Hunger Games dénonce les médias, Divergent l’uniformisation, Starters le jeunisme tout comme Harry Potter défendait le partage et l’ouverture totale sur les autres et le monde.  En plus d’un bon divertissement c’est très probablement ce qui permet au lecteur de s’identifier aussi facilement et rapidement aux personnages principaux et au récit : les messages. Bien que les thrillers me fassent toujours autant d’effet la leçon principale que j’en tire la plupart du temps est : ne t’approche pas des gens ayant l’air de psychopathes. Avec les livres pour jeunes adultes, le léger vernis didactique les enrobant est l’une des raisons qui me pousse à les apprécier autant. Ils perdent cet aspect parfois superficiel que l’on peut leur attribuer. 


L’air de rien ces bouquins que l’on ne regarde que de loin comportent des valeurs et des sujets poussés forçant la réflexion et l’ouverture d’esprit. Sans s’en rendre compte on fait des rapprochements entre l’histoire et des situations sociétales ou historiques connues, on compare, on tire des conclusions et on grandit. C’est probablement cela qui rend le genre addictif et m’empêche désormais de l’abandonner de nouveau.  

Evidemment je n’ai pas délaissé mes thrillers, mes romans de science fiction, les quelques classiques et bouquins fantasy que j’avais l’habitude de lire mais j’accorde de nouveau une grande place à ces romans « pour ados » que je ne regardais plus que comme des objets appartenant à un temps révolu. Bientôt je vous ferait probablement découvrir l’un de mes coups de cœur en la matière, une inventive et addictive réécriture d’un conte bien connu : Cinder. 



1.4.14

La revanche en Prada : chronique d’un echec annonce ?

Il y a dix ans j’ai dévoré et adoré lire « Le diable s’habille en Prada »,  lorsqu’il est sorti en salles je me suis précipitée au cinéma pour le voir et ai prolongé ce plaisir en me procurant le DVD que j’ai visionné une bonne trentaine de fois avec le même enthousiasme. Alors quand je suis tombée complètement au hasard sur la suite de ce roman léger et extrêmement distrayant à la Fnac j’ai évidemment attrapé la chose qui a rejoint la pile de mes nouveaux achats et futures lectures. J’ai patienté un petit mois avant de le lire mais comme je trépignais d’impatience j’ai fini par céder à mes impulsions et commencé ma découverte de cette suite. 

Mon bilan à chaud ? Une énorme déception. Je suis bien triste de le reconnaître, mais cette fois-ci Andrea et les frasques de Miranda Priestly n’ont eu aucun effet sur moi si ce n’est de me refroidir. Si j’ai aimé retrouver les personnages principaux de la précédente intrigue ces derniers n’ont plus tout à fait la même prestance, la même énergie ou de quoi stimuler l’intérêt du lecteur comme il se doit. Nous nous retrouvons projetés dix ans en avant ; les personnages ont changé et on le ressent. Mais où en sont les héros ? Que fait Andrea ? Qu’est devenue Miranda ? Je vous raconte tout (ou presque), tout de suite !


Nous sommes donc projetés dix ans après la démission d’Andrea de son poste d’assistante chez Runway. Elle est désormais une femme parfaitement accomplie maîtresse de sa carrière professionnelle à la tête d’un magazine haut de gamme de mariage (« The plunge ») rencontrant un succès constant qu’elle co-dirige avec son associée et meilleure amie Emily Charlton. Oui vous avez bien lu. Son ancienne supérieure hiérarchique et gardienne de nombreuses de ses névroses, fait désormais front commun avec elle et les deux jeunes femmes s’épanouissent professionnellement dans le même domaine. Au delà de leur carrière les deux femmes partagent des amis et des activités communes les liant dans de très nombreux domaines. L’histoire s’ouvre ainsi avec le mariage d’Andrea qui s’apprête à épouser l’un des grands noms de la société New Yorkaise. 

Tout semble donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’à ce que la jeune femme ne rencontre milles et unes contrariétés tout au long de l’histoire.  Mais l’élément majeur, et celui faisant revenir Miranda Priestly sur le devant de la scène, est l’intérêt du groupe d’édition Elias-Clark pour le magazine d’Andrea et Emily. Adoptant toutes les deux des positions différentes vis-à-vis de ce nouvel intérêt porté à leur magazine il sera source de nouveaux conflits. 



Si l’histoire aurait pu être exploitée de façon intéressante et dynamique à la vue de cet élément perturbateur et définitivement source d’angoisses pour Andrea et Emily il n’en est rien. Ce que je reproche principalement à ce roman c’est le manque, que dis-je, l’absence complète d’intrigue. Aucun des chapitres présents dans le livre ne fait complètement suite à son précédent, le lecteur est projeté dans des ellipses narratives immenses et n’a pas l’impression de suivre un fil conducteur, une évolution précise. Chaque chapitre aborde un thème (et souvent un problème rencontré par Andrea) qui n’a pas nécessairement de lien avec le précédent ou encore le suivant. De même ces différentes contrariétés ou moments de vie n’apportent rien de concret à l’histoire si ce n’est le fait d’ajouter physiquement des pages au livre. 

J’étais pourtant très contente de me plonger de nouveau dans l’univers du luxe, de l’inaccessible et du rêve projeté par l’univers de la mode, des grands photographes et du mariage dans lequel évoluent Andrea et Emily. Avouons-le nous lisons aussi ce genre d’histoire pour l’étalage de marques, les descriptions de tenues toujours sophistiquées et recherchées… ce que je n’ai que très peu retrouvé ici. L’histoire aurait pu s’en trouver soulagée mais comme son intrigue se noie au milieu des aléas et plaintes d’Andrea nous n’avons même pas l’enrobage  « nécessaire » et salvateur pour nous aider à nous accrocher au récit. 

Et même si l’intrigue se déroule ici dix ans après le premier roman, je n’ai pas pu m’empêcher de noter des différences majeures. Celles peut-être qui n’ont pas fait pencher « La revanche en Prada » du bon côté de la balance. L’une d’elles est la construction narrative du récit : dans cette version tout est raconté à la troisième personne ce qui change immédiatement notre perception de l’histoire. Si dans « Le diable s’habille en Prada » nous vivons l’histoire directement au travers des yeux d’Andrea qui nous raconte le tout à la première personne nous somme beaucoup plus passifs et prenons beaucoup plus de distance dans ce nouveau volume. 


Andrea a également perdu cette personnalité combative et dynamique qui la caractérise dans le premier livre. Cette énergie qui lui permettait autrefois d’affronter les milles et un désirs de Miranda lui manque dans ce livre, elle apparaît plus plaintive et presque passive vis-à-vis des évènements qui se déclenchent autour d’elle, semblant arborer des oeillères pour éviter d’affronter la réalité. Est-ce dû à son cadre de vie plus posé ? Les habitudes professionnelles, sentimentales et amicales qui font son quotidien ? La naïveté et la curiosité de l’héroïne du « Diable s’habille en Prada » nous manque et nous avons du mal à nous identifier à la nouvelle Andrea. 

Selon moi un autre élément vient gâcher la lecture de ce livre : là où nous  nous attendions de retrouver Miranda (le sous titre du livre étant « Le retour du Diable ») très régulièrement au fil des pages nous trouvons à la place : Andrea, Andrea et toujours Andrea. La reine des pestes ne fait ainsi que quelques apparitions dans ce livre et les confrontations entre les deux femmes nous manquent. Si l’ombre de Miranda devient presque omniprésente dans les pensées d’Andrea à un certain stade du récit nous ne retrouvons pas la verve et la cruauté de la papesse de Runway. Et je l’avoue j’espérais renouer avec elle au fil des pages… Par pur sadisme envers cette pauvre Andrea martyrisée dans le premier livre ? Pour les litanies interminables d’ordres aussi loufoques qu’impossibles à réaliser ? Je dois reconnaître qu’elle m’a manqué. Comme à l’intrigue. 


Comme je ne souhaite pas terminer cette revue sur une note complètement négative je dois admettre que j’ai tout de même passé un bon moment en lisant ce roman, l ‘écriture est fluide et même si l’histoire en elle même (ou du moins les attentes que j’en avais) n’est pas la plus satisfaisante elle est tout de même distrayante. J’ai adoré retrouver les personnages grandis et changés tout comme la nouvelle relation Emily-Andrea aussi contre nature qu’amusante et rafraichissante. 

C’est donc le roman « Chick-lit » que je conseille pour une lecture sans prise de tête et reposante si vous souhaitez vous développer une petite bulle confortable dans votre quotidien.  Malheureusement il ne s’adresse pas aux amoureuses et amoureux du « Diable s’habille en Prada » qui ne trouve pas dans ce nouvel opus une suite bien amenée ou venant terminer en beauté la série. 



25.3.14

Divergent par Veronica Roth : le nouveau concurrent d’Hunger Games ?


N’y voyez pas là une copie, une histoire en tout points similaires ou un nouveau jeu de mort proposé à des adolescents, non finalement Hunger Games et Divergent n’ont pour seul point commun que leur genre. Je vois désormais dans vos yeux accusateurs une lueur de déception, la sensation d’avoir étés trompés sur la marchandise. Oui je le reconnais, j’ai mis au point un odieux stratagème en rendant mon titre attractif pour vous pousser à cliquer sur cet article. Je sais c’est mal. Mais vous verrez, à la fin vous ne m’en voudrez plus. 


Et puisque vous êtes là avec moi, je vous propose de partir à la découverte d’un genre, d’une nouvelle héroïne et d’une histoire à la fois prenante et glaçante que j’ai eu l’occasion de découvrir ces dernières semaines. Mais pour remettre les choses dans leur  contexte, découvrons aujourd’hui la dystopie. Je vous vois ouvrir de grands yeux étonnés, mais rassurez-vous, il ne s’agit pas d’une maladie incurable ni d’un pays inconnu mais bien d’un genre littéraire qui prend depuis quelques années de l’ampleur malgré sa naissance au début du XXe siècle. 

Selon Wikipédia la dystopie, c’est cela : 

Une dystopie, également appelée contre-utopie est un récit de fiction peignant une société imaginaire imaginée de telle façon qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur. Une dystopie peut également être considérée comme une utopie qui vire au cauchemar et conduit donc à une contre-utopie. L’auteur entend ainsi mettre en garde le lecteur en montrant les conséquences néfastes d’une idéologie (ou d’une pratique) présente à notre époque. 

En clair nous nous retrouvons la plupart du temps dans une société plus ou moins proche de la notre (dans le sens ou le fantastique et la science fiction n’y trouvent pas place) dans laquelle l’organisation de la société est la plus souvent réorganisée et réglée comme du papier à musique. Les personnages évoluent donc dans un univers cadré et avec une idéologie pouvant mettre en avant diverses valeurs : peur, esprit totalitaire, bien-être des habitants, préservation de la santé de l’humain ou de la nature, etc. La plupart du temps l’auteur cherche à critiquer une dimension particulière de notre société actuelle : les dérives de la politique, de la science, des comportements humains, de mouvements extrémistes… 

Parmi les romans dystopiques vous connaissez au moins l’un de ses classique, si ce n’est pas par sa lecture au moins par son nom : 1984 de George Orwell dans lequel l’auteur critique de totalitarisme personnifié par Big Brother qui règle et contrôle la vie de ses citoyens par le biais de différents ministères. Mais celui que vous connaissez FORCEMENT c’est Hunger Games. Véritable carton au box office, succès littéraire incontesté au niveau mondial et ayant pour ambassadrice l’actrice américaine Jennifer Lawrence. 


Maintenant que le contexte est bien mis en place nous pouvons aborder l’objet principal de cet article avec des bases plus nettes. Divergent met donc en scène Beatrice Prior (ou « Tris » pour les intimes) une jeune femme de 16 ans évoluant dans une société dans laquelle les hommes sont répartis en cinq factions bien distinctes : « Dawntless » (Les audacieux), Candor (Les Sincères), Amity (Les fraternels), Erudite (Les érudits) et Abnegation (Les altruistes). (Ayant lu le livre en anglais j’avoue avoir énormément de mal à me détacher du  vocabulaire anglo-saxon c’est pourquoi j’ai indiqué les noms des factions en anglais). 

A l’âge de 16 ans tous les citoyens sont amenés à choisir la faction dans laquelle ils voudront évoluer pour le restant de leurs jours, ils peuvent choisir de rester dans celle dans laquelle ils ont grandi ou bien d’en changer. Pour les aider et les guider dans leur choix un test a lieu avant la cérémonie officielle, un test à l’issue duquel une proposition leur indique quelle est la faction la plus favorable pour eux. Pour Tris rien ne va se passer comme prévu puisqu’elle n’obtient pas une proposition unique mais trois, chose rarissime faisant d’elle une « Divergente ». Dès-lors elle sait qu’elle n’est pas comme les autres et que cette différence la met en danger de mort dans une société post-apocalyptique dans laquelle tout est codifié.  


Nous faisons donc face dans ce roman au parcours d’une jeune femme confrontée à un choix difficile et à sa cohabitation avec sa différence. Ne se sentant pas libre de communiquer ses résultats (et n’y étant pas invitée non plus) elle devra porter son secret tout au long du roman et faire face à sa personnalité unique, aux épreuves humaines et physiques qu’elle aura à affronter et surtout se protéger face aux barrières que son monde lui impose. Nous assistons ainsi tout au long de l’histoire à l’évolution de la mentalité et de la maturité de la jeune femme qui devient de plus en plus lucide vis-à-vis de l’univers dans lequel elle baigne. 

Au delà du combat de Beatrice tout au long du roman nous apprenons à constater les dérives et les défauts du système mis en place dans cette société règlementée. Les factions initialement destinées à mettre en avant des qualités humaines et naturelles pour servir le groupe et l’ensemble de la société poussent ces dernières jusqu’à l’extrême, déshumanisant finalement leurs membres. Chaque faction prônant pourtant des valeurs justes et morales finissent par blâmer la différence n'acceptant en leur sein que les individus adoptant un comportement uniforme et « logique » vis-à-vis de leur mode de vie. 


J’ai beaucoup aimé me plonger dans cet univers à la fois familier pour l’environnement technologique et moderne dans lequel il nous installe et pourtant si différent et effrayant pour son organisation millimétrée et « aseptisée » (ce dernier mot ne convenant évidemment pas à toutes les factions). C’est avec une curiosité sincère que nous suivons l’évolution de Beatrice dans ce monde froid et finalement très hostile malgré les règles qui le dominent. 

Rédigé à la première personne il est d’autant plus facile de se mettre dans la peau de l’héroïne et d’essayer de comprendre avec elle comment les choses vont bouger et comment elle devra agir en fonction de ces dernières. De même les scènes d’actions sont plutôt bien amenées et nous permettent de bien visualiser les évènements sans lourdeur. L’écriture est plutôt fluide et il est assez facile de reprendre sa lecture même après plusieurs longues heures ou journées sans l’avoir ouvert (vous ressentez ici la difficulté de se concentrer au travail quand on est absorbée dans une histoire ?). 


Si je devais trouver quelques défauts à cette histoire, parce qu’il y en a bien évidemment, ce serait probablement le caractère de l’héroïne et probablement certaines de ses interactions avec d’autres personnages. En effet, malgré des priorités et traits de caractères bien définis Tris m’a parfois parue assez naïve ou son personnage trop juvénile dans ses réactions. Bien évidemment il faut bien se rappeler que l’héroïne n’a que seize ans et n’agit pas forcément avec le recul que pourrait avoir une personne plus mature. Enfin il faut remettre les choses dans leur contexte et se souvenir qu’il s’agit d’un roman pour jeunes adultes (écrit par une très jeune auteure) et que certains éléments pouvant nous paraître assez simplistes et peut-être pas assez bien exploités peuvent ici trouver un certain sens. 

Dans l’ensemble j’ai passé un très bon moment au cours de cette lecture où tous les éléments du bon divertissement sont rassemblés : une intrigue à suspense, un univers inhabituel mais fascinant, une héroïne qui n’a peur de rien et des épreuves hostiles à traverser : un savoureux mélange complètement addictif.  Une lecture agréable et rafraichissante qui ne mérite que de se prolonger puisque l’auteur nous propose ici une trilogie dont j’ai déjà dévoré un second volume il y a peu. 

Pour celles qui n’auraient pas forcément envie de se lancer dans l’aventure littéraire ou qui au contraire seraient intéressées par le prolongement de l’expérience ; l’adaptation du premier tome (et celui que je vous présente ici) sortira en salles le 9 avril prochain. 


13.3.14

Les Bourgeoises - Sylvie Ohayon

Les Bourgeoises c'est le livre qu’on attrape parce que sa couverture a attiré notre regard et son titre dessiné un sourire amusé sur nos lèvres. Mais quand nos yeux commencent à parcourir les mots et le phrasé à la fois brut et terriblement travaillé de Sylvie Ohayon nos sentiments se bousculent : le rire, la consternation, la révolte, la compassion… tous interviennent au fil de notre lecture.


Derrière un titre caricatural et un résumé à l’apparence légère Sylvie Ohayon nous dévoile un univers dissimulé sous une multitude de clichés parfois justifiés. Elle nous propose de partir à la découverte de son parcours initiatique, de son apprentissage de la vie de « Bourgeoise » de son adolescence à ses trente ans.  Cependant le roman ne s’arrête pas à un défilé de descriptifs de portraits de bourgeoises plus ou moins folles, il prend corps et sens grâce au parcours de l’auteur. Née à La Courneuve elle doit apprendre à se faire une place dans un monde n’étant pas le sien. Un monde qu’elle méprise et qu’elle souhaite pourtant intégrer à la fois. 

« Je regardais Les Petites Bourgeoises de Paris passer les unes après les autres sur le catwalk de la rue de la Pompe (ça ne s’invente pas) et je faisais ma sélection : les Weston de la blonde, la doudoune de la grosse, les bottes de la troisième, celle qui se planque sous ses mèches pour cacher son gros cul pas autorisé en ces contrées de contention en tout.
Je passais commande, c’était mon net-à-porter bien avant l’invention d’internet. J’inventais la mode du vintage avant l’heure. Je recyclais. (...) Alors je devenais complice. Je faisais mes courses sur les trottoirs du XVIe, j’en redemandais parfois. Je préparais ma garde robe parisienne. Mon garde du corps, celui qui me protègerait, garderait secrètes mes origines ; je ne serais pas démasquée. J’aurais l’allure riche, mais l’allure, c’est comme l’amour. On y a droit ou pas. Ça ne s’achète pas. J’étais une enfant à l’intelligence encore verte, je pensais que l’habit ferait de moi le moine . »


Depuis toujours fascinée par les belles choses et s’étant très tôt intéressée à la prose et à l’univers des grands auteurs du XIXe elle possède un sens du beau et de l’élégance qui la pousse à vouloir se faire une place dans le cadre social des « bourgeoises » et se détacher de son quotidien. Alors quand elle intègre un lycée fréquenté par les filles de bonne famille son monde se trouve bousculé. Elle fait face au mépris, à un monde à l’apparence confortable mais au quotidien codifié, à des âmes souvent fermées et froides. Elle va y vivre le rejet ce qui la poussera à toujours plus s’imposer dans ce  monde ne lui étant pas familier. 

Nous ferons la rencontre au fil des chapitres de jeunes adolescentes méprisantes enfermées dans la mentalité fermée de leur monde, de jeunes adultes voulant rejeter leur univers tout en en suivant toujours les codes, des femmes blessées en recherche et en manque constant d’affection se noyant dans des montagnes de luxe pour y trouver un semblant de reconnaissance et d’appartenance. Mais nous faisons surtout la rencontre de l’auteur au début jeune adulte puis femme prenant place dans un monde où elle a gagné sa place mais qu’elle juge toujours aussi sévèrement qu’elle même.

Car tout l’esprit et la vivacité du livre réside dans le paradoxe que vit l’auteur et personnage principal de ce livre. Si elle souhaite s’imposer dans l’univers matériellement confortable des bourgeoises en adoptant un train de vie similaire et en s’entourant de bien matériels faisant état de sa réussite elle ne peut s’empêcher de contester et critiquer la mentalité et le comportement de ses nouvelles pairs. Trouver sa place entre confort matériel, accomplissement professionnel et culpabilité de trahir ses origines et convictions ne s’avère pas simple. 
« Elle admirait son père qui était un homme cultivé comme un kibboutz 2.0, érudit et peu âpre au gain, si bien qu’elle culpabilisait de gagner plus d’argent que lui. Elle dépensait chez Colette, la boutique la plus chère du monde, des smics en chiffons japonais, elle ne pouvait pas être plus riche que lui, puisqu’elle lui était intellectuellement inférieure. Elle jetait son argent par les fenêtres des magasins chics (mais dans le sens inverse à celui habituellement observé), et elle et moi on avait ça en commun. J’avais honte, au début, de gagner en quelques jours deux mois du salaire de ma mère. Les parents de Charlotte étaient des gens qui exerçaient des métiers nobles, ils étaient docteurs en quelque chose, tous les deux, elle ne serait jamais docteur en publicité. C’était là son drame. »


Si elle s’attaque avec ardeur à certains portraits pour lesquels vous n’aurez pas plus de compassion, Sylvie Ohayon sait également nous transmettre la tendresse et l’affection sincère ressentie pour certaines des femmes de ce monde qu’elle essaye toujours d’adopter. 
« Ombeline préférait regarder les autres pour ne pas avoir à se voir. Elle me considéra longuement. Je distinguais ses yeux noisette un peu trop grands, et je croyais voir une enfant qui découvre noël et ses cadeaux. Elle était émerveillée par des choses minuscules. La couleur des cheveux d’une fille qui passe sous un rayon de soleil, le rouge du vernis qui s’écaille d’une autre. Le nuage que fait le lait quand il plonge dans une mer noire. Pas ravie de la crèche pour deux sous : Ombeline prenait le temps de regarder la vie autour. Et je pensais, voilà, c’est aussi ça être une bourgeoise, pouvoir s’offrir le luxe d’observer ce que personne ne prend le temps de voir. ». 

Nous régalant avec une plume acide, tranchante, gracieuse et définitivement juste les trois cents pages du roman défilent à une vitesse hallucinante sous nos yeux. Toujours surpris par le parcours des différentes bourgeoises présentées et soigneusement habillées des mots de Sylvie Ohayon nous n’avons pas le temps de nous ennuyer ou de tomber dans la redondance. Ayant accomplit une carrière dans la publicité en tant que concepteur rédacteur l’auteur ne peut que nous entraîner dans son récit avec des phrases savamment choisies et percutantes. 
« Les bourgeoises et le cul…Pas besoin d’être Michel Foucault pour comprendre qu’elles ne savent pas mettre de limites quand la lumière s’éteint et que le drap se referme sur elles. On leur a appris à tout cacher, à ne jamais se plaindre. On leur a montré que la vie réussit à celles qui se taisent, savent prendre sur elles. Alors, quand elles se retrouvent dans le noir, elles dévoilent leur part animale honteusement cachée. Elles hurlent, elles se lâchent. Elles rééquilibrent. » 


J’ai parfois eu la sensation de retrouver l’esprit vif, extrêmement critique et lucide du personnage d’Octave de 99 francs dans « Les Bourgeoises » dans la façon qu’avait l’auteur de décrire et de raconter sans détours des anecdotes et passages de vie (le passé publicitaire des deux auteurs y étant probablement quelque chose). 

Je recommande donc chaleureusement la lecture de ce roman nous transportant dans un monde pas nécessairement familier et que l’on apprend à redécouvrir à travers des yeux neufs, une langue aiguisée, une honnêteté à toute épreuve. Je vous laisse ainsi avec les lignes résumant probablement le mieux l’esprit affuté et autocritique de ce livre.
« A La Courneuve, où j’ai grandi, j’ai dû apprendre seule à survivre à la bêtise qui est la fille de l’ignorance. Elles, les bourgeoises, savaient la Connaissance qui permet de tenir bien haute la dragée. On leur avait montré les livres et les musées, elles connaissaient les manières qui sont la vaseline qui fait avaler en souriant des collines de merde. Elles vivaient leur vie comme on consomme un plat ; du coup, elles trouvaient souvent une justification morale à leurs actes de bêtes humaines. Et moi j’avais dix-sept ans. Je les détestais sans même les connaître et pourtant je voulais être elles. »